Grimsby 4 janvier 1878
Miss May.
Je suis actuellement au Port de Grimsby. Après votre dernière lettre, j’ai remonté la piste colombienne. En interrogeant notre dernier prisonnier sur le sujet, nous avons appris que des courriers étaient régulièrement envoyés vers le Port de Grimsby.
Je m’y suis rendu. Je suis tout de suite allé à la capitainerie pour lister l’ensemble des cargos en provenance ou en partance pour la Colombie. Par chance un cargo s’apprêtait à quitter le port. Avec l’autorisation du commissaire Brandley ainsi qu’avec l’assistance du service des douanes le navire à été arraisonné.
Ce que nous y avons découvert été des plus surprenants. Une cargaison entière de fusils et d’arme de guerre en tout genre. Tout ceci habilement caché dans une cargaison de laine et de pièce de mécanique. Nous avons interrogé le capitaine et l’ensemble de l’équipage. Les armes étaient destinées à la guerre civile colombienne et plus exactement pour équiper les troupes du général Léonardo canal, un des chefs de l’opposition au gouvernement colombien. S. Volaient des bijoux à la noblesse britannique pour financer la guerre civile colombienne tout en prenant sa part au passage.
Mais coup de théâtre, lors de notre interrogatoire nous avons reçu la visite d’un attaché au ministère des armées et de la police. Ses ordres étaient clairs. Il fallait libérer tout le monde et faire comme si nous n’avions rien vu. Nous avons parlementé et il m’informa à demi mots que la couronne soutenait officieusement la révolution colombienne pour ses intérêts géopolitiques. De plus, l’industrie de l’armement britannique ne pouvait pas se permettre d’annuler de tels contrats. J’ai parlé de S et des vols de bijoux parmi la noblesse. Même si j’ai reçu l’ordre d’arrêter S pour stopper les vols, en aucune manière je ne devais interrompre l’envoi d’arme vers la Colombie.
Malgré tout j’ai réussi à obtenir un délai afin de terminer l’interrogatoire, car je devais découvrir un autre secret. Un secret qui vous concerne personnellement Miss May. Dans une cabine un marin avait une lettre en espagnol dont l’écriture ne m’était pas inconnue. Celle de S . Je ne maîtrise pas l’espagnol, mais il fut facile de reconnaître le nom de Robin May. Après traduction auprès d’un interprète de la police. Cette lettre demandait à son destinataire d’assassiner votre frère, celui-ci devait se trouver dans une petite ferme dans le sud du pays. Près d’un petit village nommé Clayton à quelques miles au nord de Brighton. J’ai donc interrogé l’homme qui ne fut pas très docile. Au final j’ai appris qu’il avait été sur place, mais que votre frère avait déjà pris la fuite. Il aurait embarqué pour le continent dernièrement. J’ai envoyé un télégramme à la capitainerie de Brighton. J’ai demandé qu’il vous envoie également la réponse.
Au petit matin, l’équipage fut libéré et le cargo a quitté le port sous l’oeil satisfait de l’attaché ministériel. En vous écrivant cette lettre, et en voue révélant les faits, j’enfreins un ordre direct du ministère, mais je ne suis plus à ça prêt tant cette affaire dépasse toutes les règles jusqu’au sommet de l’état.
Vous aviez raison, c’est un sinistre projet pour l‘année 1878. Notre nation soutient une guerre.
Mais pour en revenir à ce qui notre affaire de collier.
J’ai eu également la nouvelle concernant le décès de Henry Brown. Ceci confirme une fois de plus Traitrise au sein de Scotland Yard.
J’ai d’ailleurs trouvé un moyen efficace de trouver la taupe au sein de Scotland Yard. Il n’y a que trois personnes qui auraient été capables d’informé S de mes agissements ainsi que de suivre nos lettres.
John Stevensen le responsable des communications de Scotland Yard, qui sait qui va ou et quand en temps réel.
Edwin Maxwell l’adjudant en chef qui connaît parfaitement la maison et les agissements de chacun, car il gère les plannings des agents et les ressources allouées à chacun . C’est le plus ancien sous-officier de Scotland Yard il a des connaissances dans les milieux de la pègre et avec les années il a du franchir la ligne plusieurs fois sans que cela ne lui soit jamais reproché au vu de ses états de services.
Et enfin l’inspecteur principal Sherzey lui-même. Cette idée me semble incongrue voir stupide, mais il faut avouer qu’il fait partie des suspects potentiels, car il il savait ou j’allais, il avait des copies de mes rapports et est largement en mesure de faire espionner telle ou telle personne. Cependant je refuse de croire qu’une personne si haut placée et avec un professionnalisme sans faille puisse être impliquée dans cette affaire. Mais mon honnêteté intellectuelle m’oblige à n’écarter aucune piste.
Je vais donc envoyer trois informations différentes à ces trois personnes. Je les informerais que vous avez caché le collier de Lady Mortimer dans un endroit secret afin que S. ne le retrouve pas. Mais chacun aura une information différente.
Ceci pour plusieurs raisons. Premièrement cela évitera que S s’en prenne à vous ou à lady Mortimer. Notre homme étant dans la nature et son objectif étant de récupérer ce collier il est fort probable qu’il entreprenne des actions malveillantes à votre égard pour récupérer ce qu’il pense être son dû.
Ensuite cela permettra de trouver la taupe.
À Stevensen je ferais parvenir un télégramme à un agent de confiance expliquant que le collier se trouve dans la consigne numéro 24 à la gare de London Victoria. L’agent de service des consignes est une personne qui me doit un service il m’informera si quelqu’un souhaite ouvrir cette consigne ou si elle a été forcée.
À Maxwell je ferais passer l’information via mon cousin Edward, jeune recrue du service qui travaille avec lui. Il lui apprendra, » par mégarde « , que j’ai laissé le collier dans la consigne numéro 35.
Quant à notre inspecteur principal, j’informerais Mr Etelby, l’un de ces informateurs officieux qu’il utilise régulièrement pour des affaires sensibles. Cet informateur ne communique qu’avec l’inspecteur principal. Sherzy pense que je ne suis pas au courant de ce… contact . Mais il n’en est rien. Pour ce faire je vais demandé à Tonio, un de mes informateurs italiens des docks de surveiller la consigne 71. Tonio étant de mèche avec Etelby et ayant la langue bien pendue, il parlera contre une petite somme d’argent. L’information remontra jusqu’à Sherzey. Si ce dernier est intègre, il sait qu’il peut me faire confiance et laissera ce qu’il croit être le collier dans la consigne en attendant que je rentre. Il mettra peut être un agent en civil pour la surveiller rien de plus. Par contre s’il travaille avec S. Il ira lui-même récupérer le collier et l’apportera à S.
Je ne serais pas rentré à temps pour finaliser mon plan c’est donc à vous, seule personne capable et digne de confiance sur place, de terminer une bonne fois pour toutes cette affaire. Parler au sergent Emerson. Il est digne de confiance et il pourra vous assister et se porter garant de votre sécurité. Il a avec lui quelques agents de police de confiance qui pourront également vous aider.
Ainsi une fois que le traître sera identifié, il suffira de la suivre et ainsi trouver le lieu où se cache S.
Je sais que cela est beaucoup vous demander, mais je sais aussi qu’une fois S arrêté votre frère sera en sécurité. Au vu de l’aide que vous m’avez apportée, je suis prêt à fermer les yeux sur ses infractions et lui laisser une chance. Après tout j’ai laissé partir un navire chargé d’arme et d’assassins…
J’espère que la nouvelle année commencera mieux que ne s’est terminé 1877.
Merci pour tout
Gordon