Douce France – e10 .. The End

Lyon, le 8 juillet,


Cher Bertrand,


Je confie cette dernière lettre à Alain, alors que je le laisse monter dans le train pour vous rejoindre toi et Marie pour passer quelques semaines à la ferme.
Nous avons également pris beaucoup de plaisir à vous recevoir à Lyon. L’intimité familiale n’a pas d’égal en ce monde. Je suis ravie que Caroline et Marie se soient si bien entendu : nous ne sommes pas à l’abri que ces deux là échangent quelques courriers comme nous le faisons nous !
J’ai quelques conférences à donner au planétarium jusqu’au 20 juillet, et je pourrais ensuite prendre un congé pour vous rejoindre à la ferme. J’ai hâte de vous retrouver, et de revoir maman également. Caroline part en répétition, et ne pourra pas se joindre à moi, mais ce n’est que partie remise.
Je préfère en effet pouvoir parler à Jérémie de vive voix avant de lui présenter Alain. Je ne sais pas le rôle qu’il voudra avoir dans cette histoire, et je ne veux pas lui forcer la main.
Si Francis peut t’aider, je pense que cela serait une très bonne idée de l’engager.! Vous auriez plus de temps libre pour profiter des joies de la vie et pourquoi pas d’avoir des enfants ? Je pense que Marie ferait une excellente mère, à sa façon d’être avec Alain, on voit tout de suite qu’elle en meurt d’envie.

Je vous embrasse, Marie, Alain et toi.
Avec tout mon amour,


Élodie

Douce France – e09

Saint-Joseph de rivière, le 28 juin 1971


Chère Elodie,


Marie et moi voulions vous remercier pour votre accueille. Mine de rien, ça nous a fait du bien de couper de la ferme quelque jour.

Marie me parle encore de cette pièce de théâtre que tu l’as amené voir vendredi soir. Surtout du bonheur qu’elle a eu quand Caroline lui a fait le tour des coulisses à la fin de la représentation. 
Pour ma part, je retiens ce « bouchon » comme tu l’appelle ou je me suis régalé.
Sans oublier bien sûr Alain! Je le connais mieux encore, et je sais qu’il fera de grandes choses.
Je suis ravi d’ailleurs que tu es accepté que mon filleul vienne passé ses vacances à la ferme. Il verra comme les étoiles brillent mieux sans les lumières de la ville. Je lui ai installé mon vieux télescope dans le jardin.

Son demi-frère ma laissé la ferme dans un excellent état. Sacré bosseur ce Francis, je me demande si je vais pas l’embauché…Effectivement je me faisais du soucis pour rien.
Je n’ai pas encore eu le temps de voir leur père, mais comme je te l’ai dit, je te laisserais la surprise de leur présenter Alain.
Nous attendons de savoir quand est-ce que tu pourra venir.
A très vite.
Affectueusement. 


Bertrand

Douce France – e08

Lyon, le 01 juin 1971,


Cher Bertrand,


Merci pour l’adresse de Jérémie, je lui écrirai sans tarder dans les prochains jours afin de clarifier la situation..


Pour Francis, j’imagine que tu te fais sûrement des idées.. il ressemble juste énormément à son père… Comme Alain..

Avec grand plaisir pour le canard cuisiné par Marie ! Caroline et moi ne sommes pas les meilleurs cordons bleus !
J’ai hâte de votre visite dans les prochains jours !
Votre chambre est prête, vous n’avez plus qu’à arriver !


Je t’embrasse,Élodie

Douce France – e07

Saint-Joseph de rivière le 27 mai 1971

Ma chère Elodie,


J’ai vu Jérémie ce matin au marché, apparemment vous avez beaucoup à vous dire. Voici donc son adresse:


Perraut Jérémie
 Lieu-dit « Les sastres »
38134 Saint-Joseph de rivière 

Tu l’as remarqué,  comme moi il est resté dans l’exploitation familial. Je te ramènerais quelque fromage dont il a le secret en plus du lait que tu m’as demandé. Nous amènerons aussi un canard du poulailler. Si tu le permet, Marie vous le cuisinera à merveille.
Nous te ramènerons peut-être aussi nos premier légumes.
Francis est effectivement bien débrouillard,  il apprend vite, trop peut-être… Je peux te le dire, il y a quelque chose chez Francis qui me gène, mais je ne sais pas quoi. Un truc bizarre. J’ai l’impression qu’il a quelque chose derrière la tête,  mais je ne saurais dire quoi…
Je me fais sans doute des illusions…
La vache devrait bientôt vêler. Question de jours je pense.


Je te tiens aux nouvelles.
Marie et moi vous embrassons.

Bertrand

Douce France – e06

Lyon, le 23 mai 1971,


Très cher Bertrand, 


Alain est complètement surexcité depuis que je lui ai fait lire ta dernière lettre. Il en a même rangé sa chambre pour pouvoir accueillir son futur cadeau (et si tu te rappelles bien, ce n’est pas un mince exploit, ce petit tient de moi concernant l’organisation !). Il ne parle plus que de votre venue.
Fantastique si Francis est à la hauteur, cela ne m’étonne pas, j’ai le souvenir d’un petit bonhomme très débrouillard depuis tout petit ! Repasse-lui le bonjour, et à Jérémie aussi, si tu le croises prochainement.
Vous pourrez venir quelques jours bien sûr ! Je pourrais prendre quelques jours de congés, et Caroline a installé son atelier à l’appartement, elle pourra être avec vous dans tous les cas ! Caroline et moi avons également hâte d’aller flâner en ville avec Marie ! Tu pourras rester avec Alain pour discuter des étoiles, ou d’histoire de parrain et de filleul.
Pourras-tu me ramener quelques litres de lait de la ferme ? Son goût et sa fraîcheur si particuliers me manquent, on n’en trouve pas de pareil dans le commerce.


Je t’embrasse,


Elodie


PS : Pourrais-tu me transmettre l’adresse de Jérémie dans ton prochain courrier ? Cela fait longtemps que je dois lui écrire, suite à mon départ précipité de Saint-Joseph, nous avons des choses à nous dire. Je te remercie.

Douce France – e05

Saint-Joseph de rivière le 15 mai 1971

Chère Elodie,


Je serais heureux de partager ma connaissance des étoiles avec mon filleul. Comme tu me raconte que même à la ville les mentalité non pas beaucoup changé, c’est peut-être sa manière à lui de s’évader de son quotidien… 
Tu peux lui dire que sa surprise sera toute particulière au moment du coucher. J’espère que tu as de la place dans sa chambre… Devant sa fenêtre serait idéal. Mais je crois que j’en ai trop dit déjà. 
Marie a déjà préparé tous le planning pour Francis, l’homme de ferme que nous avons engagé. Détaillé presque heure par heure pour ne pas laissé la place à l’imprévu et que l’on puisse partir l’esprit tranquille. Pour le moment,  tout se passe bien avec Francis. Il est jeune et apprend vite.

D’ailleurs Francis te fais passer un message.  » Je t’embrasse ma Lolo et espère que tout va bien pour toi  » Et oui, Francis est le fils de Jérémie, ton amoureux de de l’école primaire.
Une vache doit vêler dans quelque semaine. Nous partirons sans doute après en étant sûr que la mère et le petit aille bien. 
Combien de temps nous accueillerais tu? Nous aimerions rester quelque jours pour profiter pleinement. Marie a tellement hâte de pouvoir faire les boutiques avec Caroline et toi.
Nous vous ramènerons quelques produits de la ferme. 


Bien à toi.


Bertrand

Douce France – e04

Lyon, le 6 mai 1971,


Cher Bertrand,


Ta dernière lettre me va droit au cœur, et je suis impatiente de vous revoir, toi et Marie. J’organiserai une visite de Lyon : nous ferons les beaux quartiers, les places du centre-ville, la Fourvière bien évidemment, et nous irons manger dans un bouchon lyonnais où nous avons nos habitudes avec Caroline.
Alain est également très impatient, maintenant que je lui ai évoqué la fameuse surprise ! Il ne me parle que de cela tous les soirs au moment du coucher ! Il a hâte de te montrer les constellations qu’il sait déjà reconnaître, et d’en apprendre de nouvelles avec toi autour d’un livre, sous le ciel étoilé.
Pour maman, cela ne m’étonne guère.. Les mentalités sont dures à changer malheureusement.. Ce n’est encore pas toujours facile pour Caroline et moi, certaines personnes nous considèrent encore comme des personnes anormales, et irresponsables d’élever un enfant.. Et pour papa, je n’en savais rien.. mais j’aurais de toute façon eu trop peur qu’il dénigre Caroline devant Alain.. Ce ne sont pas des choses qu’il doit entendre.. il est trop jeune et innocent pour être confronté à cette réalité.
Nous vous embrassons et avons hâte de votre venue.J’espère que ton homme de ferme fera l’affaire très vite !


Elodie

Douce France – e03

Saint joseph de rivière le 28 avril 1971


Très chère Elodie,


Caroline à très bon fond, je l’apprécie beaucoup. Elle veux ton bien et celui de la famille, ça se sent.
Je peux te le dire maintenant, après 10 années sans te voir, le père avait beaucoup de regret et souhaitait ton pardon. Il s’était rendu compte qu’il avait mal agit. Ne pas voir son petit fils l’avait anéanti sans qu’il ne l’avoue. 
Nous serions ravi de pouvoir te rendre visite quelque jours. Cela demande beaucoup d’organisation et d’anticipation à la ferme. D’autant que le potager demande en ce moment la plus grande attention avec les dernières gelées. J’ai trouvé un homme de ferme qui pourra palier mon absence, mais je dois le former comme il faut est cela prend du temps.
J’ai parlé de notre futur visite chez vous à la mère. Tu as raison, elle n’accepte toujours pas ta vie avec Caroline et Alain. Elle est trop fermée sur les anciennes valeurs et n’aime pas se qui sort de la « normalité ». Marie trépigne d’impatience de voir les lumières de la ville,  les boutiques, le quartier du vieux Saint-Jean que tu lui a tant parlé, les spectacles, etc…
Bien sur, nous avons hâte de découvrir ton exposition, ton nouveau travail à l’air tellement passionnant quand tu en parle.
Je suis d’accord avec toi, mon filleul sera un grand homme. Lui qui aime les étoiles, je lui ai trouvé un vieux livres chez le libraire du village sur les constellations. J’espère qu’il lui plaira. Une autre surprise l’attend aussi, mais chut… C’est une surprise.
Marie se joint à moi pour vous embrasser.


Prenez soin de vous.


Bertrand.

Douce France – e02

Lyon, 22 avril 1971,


Cher Bertrand,


J’espère que toi et Marie vous allez bien, et que maman se porte bien. Alain va bien, il a reçu ta lettre, mais tu sais comment il est, plus occupé à regarder les étoiles qu’à répondre à son parrain. Il t’embrasse.


Il y a dix ans, je suis partie, et c’est à ce moment là que notre père est mort pour moi.Caroline a bien essayé de me convaincre de venir (pour maman), mais après ce qu’il nous avaient fait à elle et à moi, je n’en ai pas eu la force.. Et puis tu imagines, Caroline, Alain et moi qui viendrions à l’enterrement : du grain à moudre dans le village pour les dix prochaines années.Je ne suis d’ailleurs pas sure que maman aurait appréciée de voir Caroline.. et hors de question que je vienne sans elle..


La traite du matin est bien loin pour moi, la vie à Lyon est fantastiquement riche de culture et de beauté. Les artistes qui travaillent avec Caroline sont incroyables, nous sortons énormément au théâtre et visitons de nombreuses expositions artistiques. Alain en profites énormément pour s’instruire et s’ouvrir au monde, il deviendra quelqu’un, j’en suis sure.
Mon nouveau poste au planétarium est passionnant mais également très prenant. Nous préparons une exposition qui sera j’en suis sure incroyable. Pourquoi n’en profiteriez vous pas pour passer me voir à Lyon à cette occasion ? Tu pourrais venir avec Marie, et maman aussi, si elle le veut. Tu trouveras bien quelqu’un pour veiller sur la ferme pour quelques jours ! Et qui sait, peut-être que tu découvrirais tout le charme de la vie citadine, et que tu voudras venir t’installer.


Embrasses Marie et maman pour moi,


Elodie.

Douce France – e01

Saint-Joseph de rivière le 15 avril 1971


Très chère sœur, nous t’avons point vu ce matin à l’enterrement du paternel.
Ça a fait 10 ans jeudi, je pensais que tu avais pardonné. En plus, il avait changé ces derniers temps…
Bref, la mère a pleuré pour faire bien devant les invités, tu la connais.
Je te rassure, je ne suis pas resté longtemps. Donner du blé à moudre aux commères du village, c’est pas mon truc.
Bref, par chez toi, comment se porte mon filleul? A t’il bien reçu ma dernière lettre? Et toi, comment se passe la vie à la ville? Tu t’y es enfin faites? L’odeur de la traite du matin ne te manque pas?
Je te laisse, il faut que j’aille encore réparer la clôture que le taureau a détruite il y a 2 jours.


Je t’embrasse.


Affectueusement.


Ton frère Bertrand.