Des deux rives – e02

Sundheim, le 8 décembre 1939 

                Bertille, ma très chère amie,  

                Ma surprise fût très grande lorsque j’ai aperçu le petit Willi frappant à ma fenêtre, ma joie fût immense quand il m’a remis une lettre de ta part. Il a mis deux jours pour me faire parvenir ce pli en déjouant les nombreuses patrouilles à la frontière. Il m’a dit qu’il repasserait une heure plus tard pour récupérer la réponse.  

Je ne pensais plus avoir de tes nouvelles pendant ce conflit et à te lire je n’ai pas été aussi heureuse depuis plusieurs semaines. Même si la situation que nous vivons actuellement est très difficile avec la guerre et le froid qui s’installe, tu m’as réchauffé le cœur avec la bonne nouvelle. Depuis le temps, que vous attendiez un enfant avec Stefan. 

J’espère néanmoins que tu arriveras à tenir le commerce pendant ta grossesse et que la guerre prendra fin avant l’arrivée du bébé. J’aimerai tant pouvoir participer à la vie de ce petit ou de cette petite et de le/la voir grandir. 

                Nos longues discussions et nos promenades me manquent. Il m’arrive parfois de rêver que mon pays et le tien ne sont pas en désaccord et que toutes les deux nous ne sommes pas séparées par des barrages.  

                Je me porte plutôt bien au vu des événements, au village l’armée réquisitionne pratiquement toute notre production de céréales. Nous avons du mal à nous nourrir convenablement. J’ai été dans l’obligation de vendre mon piano pour payer nos taxes qui ne cessent d’augmenter. Hans vient d’avoir 7 ans, et oui déjà. Nous n’avons pas pu lui offrir de cadeau, c’est un garçon très gentil, même s’il a été très déçu, il a fait preuve d’une très grande maturité pour son âge. Klaus se rapproche de la trentaine, il n’intéresse plus l’armée pour le combat, elle le voit plus utile dans les champs pour fournir la nourriture de tous ces pauvres soldats qui sont obligés de se battre.  

                Ma famille se porte bien, malgré les douleurs chroniques de papa avec le travail de la terre. La vie à la ferme est difficile mais d’être tous réunis et travailler ensemble, nous réconforte. Nous savons que nos proches sont sains et saufs. Hopla est toujours là pour veiller sur chacun d’entre nous. J’embrasserai tout le monde pour toi. 

                J’aimerai également que tu me donnes des nouvelles de ta famille, qui est un peu la mienne aussi d’ailleurs. Embrasse-les fort pour moi, surtout Stefan, je lui souhaite de te revenir très vite.  

                Prends bien soin de toi ma petite choucroute, je t’aime très fort Bertille. 

                J’espère pourvoir te lire très prochainement, toi aussi tu me manques affreusement. 

                                                                              Ta petite Bretzel 

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