Londres, Angleterre, 15 décembre 1877
S,
Puisqu_ c’est ainsi que vous vous faites appeler…
Je dois avouer que l’inspecteur Smith et moi-même nous sommes laissés devancer et il va de soi que nous avions peut-être sous-estimé quelque peu votre perfidie.
Mais permettez-moi de vous faire savoir que vous n’êtes pas le seul à tenir un coup d’avance.
Lorsque je me suis vu confi_r ce rôle dans l’affaire qui nous relie, l’inspecteur principal Sherzey s’est donné le temps de m’exposer la personnalité de Gordon Smith. La persévérance et la bravoure de cet homme que vous détenez dépasse de loin ce que vous pouvez imaginer de lui. Sa témérité, à la hauteur de ce que l’on m’avait décrit.
Aussi, j’ai compris dès le départ qu’en ce caractère se trouvaient autant sa force que sa faiblesse, et que des dangers insoupçonnés le menaceraient rapidement.
Je me suis donc assurée de sa prot_ction, sans l’en faire prévenir. D’abord, parce qu’il n’aurait pas agi naturellement. Ensuite, parce qu’il en aurait possiblement été vexé et, tel que je crois le connaître, il se serait amusé de leurrer ses protecteurs pour qu’ils se trouv_nt le bec dans l’eau.
Les trois hommes positionnés secrètement sur cette mission sont sans doute déjà sur vos traces et chaque minute supplémentaire de détention de l’inspecteur Smith les rapproch_ davantage de vous.
Vous trouverez le bijou à l’endroit même où vous avez exigé de moi que je vous le dépose. Il ne me fut pas facile de convaincre Lady Mortimer de me l_ céder et, là encore, vos manœuvres vous font sortir de l’ombre et exposent lamentablement vos failles. Je vous recommande de tenir votre parole et de relâcher mon partenaire vivant aussitôt que vous aurez le collier en main.
Sachez enfin que vos manières m_ glacent le sang, et soyez convaincu que vos méfaits ne resteront pas impunis tant que justice règnera.
Elena May